TREK
DEPART
4h du matin : le réveil sonne. 5h : dans la jeep à Thamel, le quartier des backpapers de Kathmandu. 6h : toujours à Kathmandu. 7h : on est à 7 km seulement de notre point de départ parce qu’on fait le tour de la ville pour prendre d’autres passagers. Entre coups de fil et demi-tour, sans réservation notre chauffeur prend du retard pour blinder sa jeep. A la question de Fabien de savoir où sont les ceintures, notre chauffeur nous annonce en riant : “seatbelts? Ah ah! No seatbelts!”, alors que c’est le seul à en disposer d’une. Son rire résonne encore tandis qu’il nous claque la portière au nez.
A 7 pressés dans la voiture, nous sommes les 2 seuls touristes. Ça monte, ça descend, beaucoup de virages, on oscille entre rizières et poussière. On frôle 2 fois sérieusement le précipice, une fois pour dépasser un bus en panne qui nous gêne le passage mais qui nous fait signe de passer quand même. Ensuite, sur un petit chemin, notre jeep face à une autre. Gros plans sur les yeux des chauffeurs, aucun ne veut faire marche arrière, chacun veut forcer le passage et on se retrouve bloqué entre l’autre jeep et le précipice, dans l’impossibilité de sortir de la voiture. Après une longue discussion entre les 2 chauffeurs par vitres interposées, l’autre jeep finit enfin par faire marche arrière, en arrachant son antenne et en rayant les flancs des 2 voitures au passage. Ils perdent ensuite un temps fou à discuter entre eux avec la « police » qui s’en mêle, dans un petit village paumé. Au total, près de 2h de perdues pour cet accrochage. La mama de la voiture nous appelle et on reprend la route. Les passagers changent, les derniers à l’arrière vomissent en permanence et bercent la fin de notre périple avec les contractions de leur diaphragme. On arrive à Phaplu fatigués, après 13h de route, où nous rencontrons Ringi, notre sherpa pour le trek, qui nous attend dans le lodge le plus humide de la ville…
Phaplu, 2400 m.
PHAPLU – BANSYANG (3500 m)
C’est notre 1er jour de trek ! On part confiant, ça ne monte pas trop au début, dans cette zone il n’y a pas de touristes, alors quand on croise des enfants sur le chemin, on est l’attraction principale. Deux petites filles et un petit garçon avec des trous dans leurs pantalons nous lancent un beau « Namaste » et commencent à nous suivre un peu. Ils sont trop contents et timides à la fois qu’on les filme et qu’on les prenne en photo. On les quitte après pleins de « Namaste » et de sourires, ce fut une belle rencontre. A midi, Ringi nous trouve un boui-boui super, tenus par une famille avec une petite fille de 2 ans qui aime boire du café et qui a la morve au nez. Leurs fried noodles sont top bien qu’épicées.
On reprend le trek et là c’est l’horreur. Il fait trop chaud puis trop froid. Le sac de Fabien est trop lourd, c’est trop long ! On demande à Ringi à quelle altitude est le lodge ce soir, il nous répond « no altitude ». A la fin Fabien est de plus en plus fatigué, Ringi ne nous aide pas et disparaît en nous laissant finir tout seul. On le retrouve finalement 1h après. Le Pikey Yak Lodge apparaît enfin dans la brume, dans la timide lumière du soir. Il n’y a pas de lumière dans notre chambre, les lits sont en bois et l’atmosphère est enfumée, mais la salle commune qui sert aussi de cuisine est un lieu de convivialité, et il y a plein de sherpas, un harmonica, deux petits tambours et des momos végétariens ! 🙂
PIKEY PEAK (4060 m)
Ascension du Pikey Peak aujourd’hui : 1h55 pour monter, 30 minutes pour redescendre. Le ciel est bien dégagé ce matin. Ringi dit qu’il faut partir à 7h, mais Fabien ne trouve pas le petit-déjeuner assez copieux pour l’effort à fournir et commande un 2ème pancake. On part finalement à 8h. On arrive totalement essouflés au sommet mais hyper heureux. Big hug avec Ringi.
La vue sur la chaîne de l’Himalaya et l’Everest est splendide ! Une fois en haut, Fabien a juste le temps de faire une photo de Julia, floue en plus, avant qu’un gros nuage transforme soudainement la vue en écran blanc. On est un peu déçu, on aura vu l’Everest mais on ne l’aura pas admiré. On rencontre au sommet une famille suisse qui fait un trek en tente avec leurs 4 enfants. Fabien filme des plans au drone qui ont un côté mystique avec les nuages. Ringi nous propose d’enchaîner avec la descente de tout ce que nous avions monté la veille, mais on lui a répondu « no way » et on se repose l’après-midi. Les nuages ne partiront plus.
Le soir, des vaches à cornes très longues font barrière entre le lodge et les toilettes. Ringi nous montre comment leur lancer des pierres pour les faire bouger. La nuit est froide.
BANSYANG – PHAPLU (2400 m)
Ce matin on se lève dans un nuage. Aucune vue n’est possible aujourd’hui sur le Pikey Peak, heureusement que nous y sommes allés hier. Ringi c’est notre météo-man, c’est un peu l’équivalent d’Évelyne Dhéliat, sauf qu’il a toujours raison, ce qui se confirmera de façon systématique par la suite.
Pause déjeuner au même endroit que le 1er jour. Deux jeunes jouent au Carrom avec de super réflexes.
Sur le chemin, on voit beaucoup d’ordures qui sont rassemblées dans des coins mais jamais triées… Les fleurs roses de rhododendrons colorent un peu le paysage gris.
On est à Phaplu assez rapidement, mais avant de chiller, on prend une douche, enfin c’est juste un seau d’eau chaude pour nous deux avec un broc posé dans la salle des toilettes. Mais en fait c’est bien marrant de se laver comme ça :p
On appréhende un peu la suite du voyage car le niveau est élevé et le sac de Fabien encore trop lourd. On appelle Bhoj le soir, qui nous rassure : « le Népal, c’est un peu dur, mais tout est possible ». Le soir avec Ringi, on trouve une solution, on décide d’embaucher un 2ème porteur dans les prochains jours, pour soulager le dos de Fabien.
PHAPLU – TAKSINDU (2850 m)
Journée flat, on avale 12 km juste avec un petit-déjeuner, très petit au Népal, jusqu’à Ringmu. Au pied de sa maison, une fillette après les chiffres en anglais. A Ringmu, les pâtes sont super bonnes, et on goûte au tibetan bread. Sur le chemin, un vieil homme désigne Fabien du doigt et dit quelque chose qui ressemble à « belloum », ce qui veut dire « grand » en népalais et non pas « bel homme »…
Juste avant d’arriver à Taksindu, notre 2ème porteur nous rejoint avec le sourire, c’est le frère de la belle-sœur de Ringi.
A Taksindu, il y a un énorme monastère. Nous avons la chance d’arriver à l’heure de la prière et de pouvoir y assister ! C’est très impressionnant de débarquer en plein milieu des chants, du gong, des cornes et des cymbales. Les enfants moines nous font rapidement une place à côté d’eux et nous nous immergeons dans leur prière transcendante. Nous avons le sentiment de vivre quelque chose d’unique et d’être privilégiés de pouvoir partager ce moment avec eux !
TAKSINDU – JUBING (2100 m)
La journée commence encore une fois dans la brume. Ringi nous propose un départ à 9h pour éviter la pluie. On part avec un peu de retard à 9h15, et en effet nous finirons de marcher 15 minutes sous la pluie l’après-midi…
A partir de maintenant, les voitures ne passent plus, et ce sont donc des caravanes d’ânes qui portent sur leurs dos les bouteilles de gaz, de gros sacs de riz ou de béton. Marcher derrière eux sur les routes étroites est une aventure, on a le droit à toutes leurs sécrétions.
Nous croisons aussi beaucoup d’hommes, de femmes et même de très jeunes enfants qui portent de lourdes charges dans de très gros paniers en osier, calés avec une sangle sur leurs fronts.
On s’arrête pour manger du riz et des « maccronis » à Jubing.
On pensait que la journée de marche était terminée mais il nous faut encore monter une heure sous une chaleur écrasante puis la pluie pour arriver chez Ringi qui nous loge dans sa maison ce soir. Elle est typique des maisons sherpas, assez vétuste avec au centre le feu de bois dans la cuisine et un autel bouddhiste dans le salon. Il nous prépare sa meilleure chambre. Fabien joue au volley avec les 2 neveux de Ringi, qui sont au comble de l’excitation quand il fait voler son drone au-dessus de la maison. La femme de Ringi prépare un mélange de graines et de maïs qu’elle fait sécher au sol. Le père de Ringi n’est pas très causant mais il nous regarde tout le temps au-dessus de sa tasse de salt tea.
JUBING – PUIYA (2750 m)
Nous quittons la famille de Ringi. Sa femme passe au cou de Julia un foulard blanc puis un orange, c’est pour nous apporter la chance, puis elle lui sert les mains très fort, sans échanger de mots, juste un « dhanyabad» (« merci » en népalais), c’est très touchant. On donne aux 2 femmes de la famille, la femme et la mère de Ringi, 2 petites Tour Eiffel en porte-clés en souvenir.
En chemin, Fabien fait un super plan au drone avec un monastère au 1er plan sur un promontoire rocheux et des montagnes en fond.
A midi, longue pause déjeuner dans un lodge où on rencontre un groupe de japonais super sympa. Ils connaissent très bien le Népal, la femme y est allée déjà 23 fois ! Nous leur racontons leur itinéraire de tour du monde, et ils nous invitent à les appeler quand nous serons à Hokkaidō dans 2 mois. Puis ils nous donnent leurs caramels au thé vert, eux doivent arrêter là leur trek car l’une des personnes est malade, mais ils sont contents que nous puissions continuer. Ils avaient prévu un trek ambitieux de 3 semaines jusqu’à 5500 m mais ils ont dû s’arrêter à Namche, à 3500 m. Fabien exerce son japonais auprès d’eux, et nous ne voyons pas l’heure habituelle de préparation des repas passer en leur compagnie.
Plus loin, la brume s’intensifie et nous rencontrons dans un lodge, 2 petites filles qui font du collage sur leurs cahiers de classe. Julia leur montre son carnet de voyage et leur donne des feuilles et des fleurs de rhododendrons séchées pour qu’elles continuent leur œuvre.
PUIYA – PHAKDING (2650 m)
Pluvieuse brumeuse ennuyeuse journée. Zéro vue de toute la matinée. A la pause du midi, on est seuls dans la grande salle à manger où la télé est allumée sur des dessins animés horriblement doublés en népalais, et où le téléphone sonne sans que personne ne réponde. Nos sherpas mangent dans la cuisine à côté, la nourriture est parmi la moins bonne qu’on ait mangé depuis le début du voyage. Pour conclure cette journée morose on randonne sous la pluie l’après-midi. On traverse un joli village avec plein de tambours à prières partout et un pont suspendu effacé dans la brume où les ânes ont peur de passer. La route est longue et la fatigue se fait sentir. Au Népal les gens n’achètent pas de mouchoir et préfèrent se racler bruyamment la gorge avant de cracher un bon coup, c’est donc ce bruit qui rythme toutes nos journées depuis le début.
Le lodge où l’on dort n’a plus rien à voir avec les précédents : c’est grand et nous ne sommes plus les seuls touristes. On a rejoint le chemin principal qui mène notamment à l’Everest.
Un militaire anglais qui parle français vient nous parler. Il n’est pas là pour les vacances lui mais pour un entraînement, avec son régiment ils vont faire l’ascension de l’Island Peak (6200 m) dans quelques jours. Il nous parle des élections françaises, ça l’intéresse beaucoup, et l’embarras dans lequel la France est plongée politiquement en ce moment.
PHAKDING – JORSALLE (2800 m)
C’est finalement Macron et Le Pen au 2ème tour, nous dit le militaire au petit-déjeuner. Puis pour nous rassurer, il nous dit dans son plus bel accent : « je pense que c’est Macron qui va gagner ».
Encore de beaux tambours sur le chemin et des photos non contractuelles de magnifiques chevaux à louer.
La brume se dissipe petit à petit et on passe les étapes du TIMS (permis requis pour entrer dans le parc national). A partir de maintenant, la nature n’est plus gratuite. On déjeune à Jorsalle et Fabien qui se sent mal depuis ce matin a du mal à repartir et dit qu’il serait mieux de rester là pour la nuit. Julia tousse beaucoup depuis ce matin. Sur les terrasses il y a plein de gens en forme qui mangent en rigolant et un Anglais de Plymouth nous parle de son expérience : sa copine est tombée malade, mais ils ont continué jusqu’à Namche, et elle a eu de la fièvre. Elle a dû être rapatriée d’urgence en hélico à Kathmandu. Lui devait rester pour faire quelques photos pour elle, mais c’était plein de brouillard, il n’a même pas pu faire ça. Il devait aller au camp de base de l’Everest, ils se sont arrêtés à Namche, eux aussi.
Ange gardien, nous l’écoutons et prenons une chambre pour la nuit dans le lodge, il est très confortable, avec plein de prises électriques, et il fait chaud dans la chambre (3 critères qui sont loin d’être la norme sur ce trek). Julia avance un peu son carnet et appelle sa tante Jacqueline pour prendre conseil sur les médicaments à donner à Fabien. La journée de pluie d’hier après une semaine de trek a eu raison de nous. Bien au chaud dans son super sac de couchage Panyam 600, Fabien se remet peu à peu.
JORSALLE – NAMCHE BAZAAR (3500 m)
Ce matin Fabien va mieux, cependant on part presque à 10h, ce qui est très tard dans le monde du trek. Le chemin est balèze, 600 m de dénivelé positif presque continu, ça nous fatigue beaucoup, plus que les 1ers jours alors que sur le papier ça semblait plus facile et que nous avons maintenant 2 sherpas pour nous accompagner. L’altitude et le manque d’énergie dû à notre état de santé se font sentir. Julia tousse encore pas mal, et respirer l’air sec en montant essoufflé n’aide en rien.
On traverse un double pont suspendu qui rappelle un des plans de la bande-annonce du film Everest. On voit de plus en plus d’hommes chargés de paniers d’osier bourrés à craquer plus grands qu’eux, ils avancent très lentement jusqu’à Namche pour vendre leur marchandise.
Nous voyons enfin Namche Bazaar après 3 longues heures éprouvantes. L’après-midi on se balade dans le village, mais chaque pas en vaut 3 et nous essouffle. Monter leurs escaliers est une épreuve. Julia fait un peu de shopping, la spécialité ce sont les bijoux en argent et en turquoise, très jolis et pas chers. Nous achetons nos médicaments pour la gorge à la pharmacie boui-boui du coin.
Au dîner, on est très fatigué, comme si un rien nous demandait une énergie folle. On dort très mal, sûrement à cause du Diamox (médicament pour éviter les œdèmes) qui nous fait nous relever toute la nuit pour faire pipi.
NAMCHE BAZAAR (3500 m)
Fabien se sent à nouveau mal ce matin, il a déliré une bonne partie de la nuit, oscillant entre chaud et froid. On s’excuse une nouvelle fois auprès de Ringi, on va de nouveau ne pas suivre le plan initial. Pas de grosse grimpette aujourd’hui donc, mais vers midi dans un regain d’énergie, on ira voir la vue sur l’Everest à 20 minutes de marche. Mais depuis quand 20 minutes de dénivelé positif ça casse comme ça… ? Depuis le Népal ! L’Everest se fait encore discret, caché derrière les nuages. On ne verra que son sommet iconique.
Repos dans le lit l’après-midi. En fin de journée, Julia prend quand même le temps pour un shopping souvenirs et cadeaux. Namche déborde de belles choses, mais tous les magasins ne se valent pas, celui de l’entrée de la ville, tenu par une dame souriante et bonne négociante est super, c’est la caverne d’Ali Baba.
Fabien essaie de calculer le nombre de jours restants avant le vol retour pour réussir à atteindre au moins Gokyo et ses 4800 m d’altitude. Mais on n’arrive pas à guérir d’un simple rhume à cette altitude et c’est épuisant. Nous décidons la mort dans l’âme de revenir sur nos pas à partir du lendemain et d’aller à Lukla prendre un avion pour retourner à Kathmandu. Le trek va s’achever ici, comme bon nombre de rencontres que nous avons faites. Très déçus, c’est pourtant la meilleure chose à faire. Bhoj au téléphone nous réconforte : monter plus haut quand on est malade, c’est le mal des montagnes assuré.
Au dîner, on parle anglais avec un Allemand africain de cœur et vivant au Canada. Il est photographe de portrait et trek tout seul avec un sac de 6,5 kg en ne marchant que le matin et jamais sous la pluie. Sage homme !
On dort à nouveau très mal.
NAMCHE BAZAAR – PHAKDING (2650 m)
On redescend rapidement à Phakding. On déjeune dans le même lodge qu’il y a 2 jours à l’aller. C’est beaucoup moins calme, il y a plein de Chinois qui mangent leurs nouilles lyophilisées en faisant plein de bruit. La douche se prend avec le chauffe-eau le plus douteux du coin, avec un risque d’intoxication au monoxyde de carbone. Le message dans la douche est clair : « If in doubt, get out! ».
PHAKDING – LUKLA (2800 m)
2 œufs durs au petit-dej et c’est parti pour le dernier jour de trek. 3 heures de marche et nous sommes dans le village de l’aéroport le plus dangereux du monde. Nous avons notre vol demain matin. La ville de transit n’est pas très glamour. De notre lodge nous avons une super vue sur l’aéroport et les montagnes derrière. Le temps reste dégagé toute la soirée, les avions continuent à décoller.
Dernier soir avec nos sherpas. C’est le moment de payer Ringi, il regarde le prix sur l’enveloppe qu’on lui tend et reste muet un long moment. On finit par demander :
– Il y a un problème ?
– On avait dit 18 jours…
– Bah oui, mais finalement, le trek a duré 12 jours… Donc on paye 12 jours…
– …
On sent le malaise, gros silence, alors comme Ringi ne parle pas bien anglais, on appelle Bhoj, notre sauveur, et ils commencent à parler ensemble, mais au bout d’une minute, coupure de courant, plus d’internet, plus de WhatsApp, plus de Bhoj. Silence à nouveau… Tous les 4 assis dans le noir en chien de faïence avec ce problème d’argent qui plane. Gênant…
20 minutes plus tard, le courant revient et le problème semble s’être résolu avec ce temps de réflexion. Finalement sans qu’on en reparle trop, le contrat sera bien de 12 jours. On a de nouveau Bhoj au téléphone qui nous confirme qu’au Népal les choses se passent ainsi et c’est d’ailleurs pour ça qu’on paye à la fin les sherpas, au cas où le trek se termine plus tôt. Comme promis, on leur paye une bière pour trinquer à la fin du trek mais l’ambiance n’est pas vraiment là et on sent bien que quelque chose a changé.
CAUCHEMAR A LUKLA
Naïvement, on pensait prendre l’avion de 8h comme indiqué sur notre pauvre SMS de M. Tiwarf, suite au changement de date de notre billet d’avion initial. M. Tiwarf s’était chargé de réserver nos billets à Kathmandu. Arrivé à l’aéroport, ça sent très vite le roussi. On cherche à s’enregistrer mais on nous montre un simple guichet, notre compagnie Goma Air est la seule à en avoir un parmi toutes les autres où les gens s’enregistrent directement. Au guichet, d’autres personnes se pressent, le personnel n’est pas très efficace et nous voyons le temps passer. Il est déjà 7h30, nous ne prendrons pas l’avion de 8h. On reste planté là devant le guichet de 7h à 11h avec une notion toute népalaise de la file d’attente. Les gens se poussent et passent même derrière le guichet pour fouiller les papiers « officiels » et voir si leur nom y est présent. M. Kaji, responsable de Gomar Air, est le seul à pouvoir délivrer notre sésame, mais il ne veut rien entendre et passe seulement 5 minutes par heure derrière le guichet, nous laissant sans information, sans solution et sans sourire. On doit jouer des coudes mais nous restons littéralement collés au guichet. Les groupes accompagnés d’un guide et les personnes les plus insupportables arrivent à décoller avant nous. Fabien a la bonne idée de faire imprimer notre nouveau billet d’avion de la journée à la place du SMS dont nous disposions seulement, puisque nous avons fini par comprendre que seuls les détenteurs de billets imprimés arrivaient à embarquer.
Presque au bout de notre patience, on finit par nous donner ce ticket orange synonyme d’une place dans l’avion. On a fini par comprendre que la compagnie nous mentait depuis le début de la journée à nous dire que nous n’étions pas sur les listes d’embarquement parce que nous n’avions pas confirmé notre présence hier en nous rendant dans l’agence, alors que M. Tiwarf lui-même s’était chargé de le faire pour nous par téléphone la veille… On a eu de la chance avec la météo parce qu’au printemps les nuages ont tendance à boucher la vue l’après-midi et empêcher les avions de décoller.
Une fois dans la salle d’embarquement, rien n’est gagné, il y a beaucoup de monde et il faut attendre l’un des 2 avions de notre compagnie qui font l’aller-retour à Khatmandu toute la journée. A 14h, on peut enfin embarquer, plus de 7 heures après notre arrivée, pour le vol le plus horrible de notre vie. Un petit coucou de 20 places environ dans l’aéroport le plus dangereux du monde s’élance sur une piste pentue et étroite de 500 m de long seulement avant de plonger dans le vide. Notre vol s’apparente davantage à un tour de montagnes russes… A l’intérieur de l’avion, nous nous sentons vraiment tout petit, il encaisse très mal les trous d’air, une sirène retentit, on se demande si on va y survivre. En plus ça donne très mal au cœur, Julia ferme les yeux pendant la majorité du vol. 40 minutes, c’était déjà bien assez long, nous atterrissons à Khatmandu sous l’orage. Mais la journée n’est pas encore finie, nos bagages ne sont pas là et les bureaux de la compagnie sont vides. Finalement quelqu’un nous aide, et nous retrouvons nos précieux bagages qui étaient sûrement arrivés avec l’avion précédent.
Un taxi nous attend pour nous emmener à Bhaktapur, à quelques kilomètres de Khatmandu, une ville où règne le calme dont nous avons besoin. Bhoj nous a gentiment réservé un hôtel, avec les meilleurs matelas que nous ayons eu lors de notre séjour et une vue exceptionnelle sur la place centrale depuis le toit-terrasse. Il pleut des cordes donc le wi-fi marche mal, ce qui est assez courant au Népal. Bhaktapur est une ville accueillante, on se fait un petit plaisir le soir avec une pizza dans un café à l’américaine.