CHITWAN
Katmandou – Chitwan : 7h de bus, 160 km. Les 25 000 bosses… Réveil à 4h30 du matin.
Nous sommes en route pour la jungle de Chitwan. Casés tout au fond du bus, sans amortisseur, le trajet fut très rebondissant. En quittant la vallée de Katmandou, le bus longe les précipices à pic avant de descendre en altitude et de nous amener dans un climat tropical. La multitude des bus et des camions Tata se frôlent dans des nuages de poussière et dans un concert de klaxons et de freins mêlés.
On rejoint le village de Sauraha, collé au parc de Chitwan, qui voit de temps en temps des rhinocéros se promener dans ses rues. Il est d’ailleurs peu conseillé de se promener de nuit dans ce village et les hôtels ferment leurs grilles vers 22h pour cette raison.
Les activités sur place tournent principalement autour du parc de Chitwan et la visite des villages Tharus aux alentours. On boycotte le safari à dos d’éléphants à cause de la mauvaise façon dont ils sont traités… Il y avait 2 éléphants qui dormaient enchaînés juste à côté de notre hôtel et franchement ils ne pétaient pas la forme.
On s’habitue petit à petit à la chaleur étouffante et à la profusion d’insectes, on passe d’ailleurs nos 1ères nuits avec une moustiquaire au-dessus du lit. Notre hôtel, le Chitwan Village Resort, est assez classique, mais à côté le Evergreen Ecolodge a des cabanes en bois et des mini-bus retapés pour dormir, l’équipe est très cool (et en partie française), il y a comme un air de The Beach (d’ailleurs la musique du film passe de temps en temps chez eux). On profite là-bas des meilleurs repas indiens de notre vie.
On loue des vélos à 250 roupies pour la journée pour faire le tour des villages Tharus. Les enfants sur le chemin pêchent, dansent et nous courent après. Une petite fille arrive à sauter sur le vélo en marche de Julia pour rentrer chez ses parents ! 🙂 Il y a des buffles partout sur les routes, c’est le principal élevage des Tharus, et on voit aussi beaucoup d’éléphants avec leurs cornacs, qui malgré les peintures décoratives sur leurs têtes n’ont pas l’air très heureux. On déjeune dans un boui-boui local où la spécialité sont les momos de buffles. Au loin, les femmes et les enfants préparent la fête du nouvel an (de l’an 2074 !) qui aura lieu ce soir dans un grand champ. Romoun Taiswai, un petit garçon timide et bien curieux aimerait bien goûter nos momos. Julia lui fait une photo avec son Polaroïd, gros succès, aussitôt 20 autres gamins rappliquent pour avoir leurs photos.
N’ALLEZ PAAAS DANS LES HAUTES HERBES !!
La traversée à pied d’une partie du parc de Chitwan s’annonce comme le moment le plus dangereux de notre année autour du monde : on va reposer nos vies entre les mains expertes de 2 guides, qui se fraient un chemin à travers les hautes herbes et la forêt principalement à l’ouïe, en nous faisant arrêter au moindre bruit suspect pour tenter d’en détecter la source.
La journée commence avec une bonne heure de pirogue au milieu des crocodiles, tous immobiles et qu’on ne repère jamais à l’avance sans l’aide des guides. On nous apprend le matin même les règles élémentaires de survie en cas de rencontre avec les divers occupants de la jungle : si on croise un ours, on doit tous se regrouper ensemble pour paraître plus impressionnant à l’animal, si un rhinocéros nous charge, il faut courir en zig-zag en lançant des vêtements par terre pour détourner sa vue très mauvaise pour ensuite atteindre un arbre le plus vite possible pour grimper dedans, si on tombe sur un éléphant il faut juste courir le plus vite possible devant soi en espérant avoir des éléments de décor pour lui échapper. On ne nous apprend pas quoi faire en cas de rencontre avec un tigre (très rare par ailleurs), on dit d’ailleurs que le tigre a 100 fois plus de chances de nous repérer avant qu’on ne le voit… On passe outre la quantité d’insectes présents partout, particulièrement ces gros insectes rouges et noirs qui tapissent les arbres sur lesquels nous sommes censés grimper si un rhinocéros nous pourchasse, et la présence de paludisme dans cette région… Les habitants autour du parc se font occasionnellement attaquer, si ce n’est manger, par les hôtes de la jungle (qui par un crocodile, qui par un éléphant…).
On découvre dès le début de la randonnée un nid avec des oeufs en train d’éclore, ambiance Jurassic Park dès les 1ères minutes… La musique du film résonne dans notre tête toute la journée. On aperçoit 2 rhinocéros, un au début de la journée et l’autre à la fin. Au bout de quelques minutes, ils s’enfoncent lentement dans les hautes herbes pour échapper à notre vue.
La marche alterne entre forêt, hautes herbes et étendues plates sans arbres et donc plus dangereux en cas de rencontre avec un animal. Le moment le plus tendu de cette journée survient dans un chemin très étroit, au milieu des hautes herbes qui font 4 à 5 m de haut. Nos guides s’arrêtent. Ils sentent quelque chose et nous somment de ne plus faire le moindre bruit. D’un coup, un énorme bruit de végétation écrasée par un énorme animal se fait entendre à une dizaine de mètres de nous. Les oiseaux s’envolent, les guides indiquent et suivent la source du bruit avec leur bâton, le bruit des herbes écrasées nous encercle en passant de notre gauche à notre droite et ferait une démonstration idéale de Dolby Atmos… Les guides eux-mêmes ne sont pas rassurés et on se prépare à courir à toutes jambes d’une seconde à l’autre. Finalement le calme revient dans la jungle, et on reprend la marche en amortissant au maximum nos pas sur le sol pour ne pas se faire entendre. Nous voilà revenus le temps d’une journée dans la peau des 1ers hommes qui devaient survivre quotidiennement à ce genre d’environnement hostile.
Les guides nous racontent à la fin leurs histoires les plus horribles avec les animaux de la jungle lors de leurs traversées. Lors d’une pause à la fin, on rencontre une touriste et son guide qui nous rejoigne, ils viennent d’avoir été chargés par le même rhinocéros qu’on avait photographié une vingtaine de minutes plus tôt au milieu des hautes herbes. On nous avait pourtant prévenu de ne pas y aller…
Dans le Elephant Breeding Centre, ils soignent des éléphants et leur font faire des bébés par le très productif Ronaldo. Mais les adultes y sont enchaînés… Les petits éléphants eux, sont contents, car ils ne sont pas attachés. Parfois ils chargent même les touristes un peu trop pressants. Outre son caractère de coureur de jupons, Ronaldo a pas mal d’anecdotes à son actif, notamment cette fois où il est sorti du parc de Chitwan pour charger les nombreux touristes en pirogue qui quittaient le parc pour retourner dans la ville de l’autre côté de la berge. Il a renversé les embarcations et les gens tombaient dans cette rivière infestée de crocodiles…
Katmandou – Chitwan : 7h de bus, 160 km, un taxi et un camion Tata tombés dans la tranchée côté montagnes et un camion dans le précipice. Nous quittons le village sous un orage d’été. Nous n’avons pas envie de prendre à nouveau le bus mais surprise, nous avons les meilleures places tout devant avec la vue dégagée sur le pare-brises, et ça bouge carrément moins qu’à l’aller. On plaint les pauvres touristes tout derrière qui n’ont pas eu un patron d’hôtel aussi attentionné que nous. Un des acolytes du chauffeur a un tee-shirt Ronaldo : est-ce un clin d’oeil à l’éléphant aux multiples conquêtes…? Pause dal bhat dans un marché aux graines, et le chauffeur reprend sa conduite infernale jusqu’à Katmandou.
Le soir on dîne avec Bhoj, enfin on le rencontre ! C’est un pote de pote de Vivien, et il nous a beaucoup aidé à organiser notre voyage au Népal depuis Paris par téléphone. Il est super gentil, on rencontre aussi son fils, Ewan, qui décide des Angry Birds pendant qu’on parle en français. On mange la pire pizza de notre vie, et Bhoj nous raconte son dernier accompagnement dans les Annapurna, à l’ouest du Népal. Nous passons une excellente soirée !